jeudi 26 novembre 2009

Dé-fragmentation


Alors saisir des images, voler des photos comme on attrape des flocons de neige. Capter de tous ses yeux les projections du monde en soi. Le mouvement tord l'espace, le temps, réel, fait apparaître formes et couleurs qui ne sont pas. Rassembler mille visions statiques en une. Coller la lumière sur la matière, l'engluer, la forcer, la libérer, la regarder s'écouler, la retenir.
Refermer ses doigts sur elle.

Les infinis îlots de la matière devenue lumière semblent - enfin - unifiés.
Défragmentés.

lundi 16 novembre 2009

Série Noire


Un jour je lui demandai : "Ne crains-tu pas que l'amour s'affadisse ?"
Elle sourit, baissa les yeux et dit "C'est dans l'ordre des choses."
Sa voix était transparente.
Nous étions en avril, son visage baignait dans la plus douce des lumières.

(Photo "Série Noire", Alain Corneau)

vendredi 13 novembre 2009

Fuir


Levé, machinalement allumé la cafetière sur le chemin de la douche.
Longue. Pas envie de faire cette journée. Coup d'œil dehors : pluie de novembre, montagne embrumée. Pas envie de promener le nez dans le monde. Café numéro un, lecture d'un journal. Café numéro deux, visite des blogs habituels. No news.
Je relis les notes de la veille, revu "L'amour en fuite", pense à cette scène où Truffaut fait dire - voix off - à Antoine Doinel "A quoi reconnait-on qu'on est amoureux ? C'est très simple, on est amoureux quand on commence à agir contre son intérêt." Pense à cette lettre que Truffaut avait écrite à Alain Souchon pour le remercier : "(...) Le personnage d'Antoine Doinel est toujours en train de courir, toujours en retard, un jeune homme pressé (...) Est-ce que les femmes sont magiques ? Antoine devrait s'arrêter de fuir (...) Le film est une lettre, votre chanson est l'enveloppe de cette lettre. Elle l'encadre."
J'aime cette mise en abyme que propose Truffaut.

Mangé croissant devant l'ordinateur. Des miettes sur le bureau...

(Photo DR)

mercredi 11 novembre 2009

Automne


Vingt-et-un septembre.
Je quitte l'appartement où elle dort encore. Peut-être.
Elle osera, bientôt.
Je pense à Rohmer, et une larme coule alors que
je ferme les yeux.
Je sais que je ne les ouvrirai plus.

Été


Assis sur le bois de la terrasse, nos doigts s'emmêlent.
Je pense au moment où elle se lassera.
Sous un soleil indifférent, les genêts éclatent.
Je ferme les yeux.

Printemps


Aujourd'hui, le printemps est beau à Prague.
Dans un bistrot, sombre, elle laisse s'échapper quelques mots
que je n'écoute pas.
Mes mains rêvent de danser sur son ventre arrondi.
Elle ne sait pas combien je suis heureux.
Je ferme les yeux.

lundi 9 novembre 2009

Hiver


Dans un pull-over trop grand, je redécouvre les frimas de l'hiver.
Je me tiens debout, un peu maladroit, devant la maison.
La porte d'entrée se referme sur elle.
J'emporte avec moi cette image de sous-bois vêtu de brume glacée.
Je monte dans la voiture, froide.
Elle ne sait pas que je l'aime.
Je ferme les yeux.